« On dit souvent que la Chine est « si différente » : si différente parce qu’elle est si distante. Mais je dirais plutôt que la difficulté rencontrée par le sinologue occidental ne tient pas tant à la différence de la pensée extrême-orientale par rapport à l’européenne qu’à ce que je nommerais l’indifférence qu’elles entretiennent traditionnellement entre elles. 

 

Au départ, elles ne sont pas tournées l’une vers l’autre ; elles ne se regardent pas, ne se parlent pas – elles s’ignorent.

 

Le premier travail, réclamant chaque fois une opération de montage, et qui n’est jamais fini, est donc d’abord de réussir à les sortir l’une et l’autre de cette indifférence mutuelle en les instaurant en vis-à-vis : de sorte que l’une puisse à la fois dévisager l’autre et s’y dévisager.

De l’une à l’autre, c’est ce changement de cadre qui dès lors, de soi-même, donne à penser.

Ce qui revient à se demander : que se passe-t-il pour la pensée si … »

 

Cet extrait de la leçon inaugurale de François Jullien à la maison des sciences de l'Homme en 2011, intitulée « l’écart et l’entre, penser la différence », enrichira le médiateur sur sa propre pratique.

 

La médiation ne consiste-t-elle pas en effet à créer un espace entre les personnes en conflit, où elles puissent se regarder, et regarder leurs regards, et ainsi, découvrir ce qui construit le conflit, le fige, ou lui permet de se transformer ? 

 

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